La belle tatoueuse Finlandaise Säde,

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Dimanche, 17 Novembre 2013

 

SÄDE SONCK

 

HyvaÄÄ pÄivÄÄ ! En finnois, ça veut dire bonjour. Enfin, il nous semble bien...

 

Et on n’est pas certain- certain de ne pas avoir oublié un tréma sur une voyelle, par ci, par là.

Et ne nous demandez surtout pas comment ca se prononce. Parce que, malgrés plusieurs cours intensifs avec la team de Säde Sonck pendant le premier Festival du Tatouage de Chaudes-Aigues, impossible de s’en souvenir...

Pourtant, on n’avait pas forcé sur la bière finlandaise, la n° IV (sur une échelle qui démarre à I mais où, bizarrement, le II n’existe plus) qu’on te sert là-bas, en pinte, d’emblée. Et qui titre autour des 
8 °. Pas plus qu’on ne s’était laissé tenter par la Koskenkorva, version finlandaise de la vodka. « En un peu plus fort » nous a précisé́ Säde Sonck...

Säde Sonck nous a également expliqué que le finnois est la langue la plus difficile à apprendre, juste après le mandarin. Ça rassure...
 

 

Coup de bol, Säde Sonck (au fait, ça se prononce à peu près comme ca s’écrit ; rajoutez juste un accent aigu sur le e de Säde) parle un français parfait. Comme elle parle un anglais parfait. Et couramment suédois : hasard familial, Säde est née à Malmö en Suède mais le suédois est également la deuxième langue officielle de la Finlande.


Et Säde se débrouille tout aussi bien en italien et en espagnol.

Normal : Säde a beaucoup voyagé et a surtout, pris le temps de se poser un peu dans des pays qu’elle aurait pu se contenter de traverser.

En y exerçant des boulots qui fournissent aujourd’hui à la tatoueuse finlandaise le plus éclectique des C.V. : hôtesse d’accueil chez Airbus Industrie à Toulouse comme peintre décoratrice en Thaïlande. Mais c’est l’Espagne qui va forcer le destin de Säde Sonck. À Malaga, Säde qui a toujours voué une sincère passion au dessin (passion confortée par une formation première de créatrice de chapeaux), tatoue au henné́ la peau de touristes anglais, rougie autant par les cervezas qu’ils s’enquillent que par le soleil de la Costa du même nom.

Elle trace beaucoup sinon trop de logos d’Arsenal, de Chelsea ou de Manchester United avant de se décider à proposer ses propres dessins. Avec un certain succès. Sinon un succès certain qui incite très vite Säde à passer du henné́ à l’encre en caps.

 

Retour en Finlande, un peu au sud de ce pays du nord, à Hämeenlinna, une ville universitaire d’une soixantaine de milliers d’habitants où Säde a passé enfance et adolescence. Une ville où, à peine a-t-elle appris à se servir d’un dermo, que Säde ouvre son propre shop, sous l’enseigne Unique Art, en 2004. Säde possède, semble  t-il, le « sisu », un mot, évidemment sans aucun équivalent en français, qui désigne un état d’esprit propre au peuple finlandais, une tranquille persévérance qui permet de faire face à n’importe quelle situation  et de mener jusqu’au bout ses projets.

C’est peut-être aussi ce « sisu » qui pousse Säde, consciente  malgré l’afflux de clients dès les premiers mois d’ouverture d’Unique Art- de tout ce qu’elle avait encore à apprendre, à solliciter, par mail,
un apprentissage chez Stéphane Chaudesaigues.

 

Säde a découvert le travail de Stéphane sur Internet et rêve de parfaire sa formation chez le tatoueur français.

Stéphane Chaudesaigues transforme ce rêve en réalité. Et cet apprentissage se métamorphose en une vraie histoire d’amitié. Säde invite Stéphane à tatouer chez Unique Art.

Stéphane ouvre à Säde les portes des conventions américaines qu’il fréquente, pour sa part, depuis le début des années 1990. Säde connaît la maxime « nul n’est prophète dans son pays » et, pour elle aujourd’hui comme hier pour Stéphane Chaudesaigues, c’est aux États-Unis que son travail vient de se voir offrir ses premières récompenses : avec notamment un beau doublé (petite pièce couleur et Best of the Day) à la convention Best Of The Midwest, organisée  au début de l’année 2013 par Shane O’Neill.

Faut dire qu’en Finlande, si la scène tatouage existe, elle s’avère discrète : Helsinki, la capitale, ne compte par exemple qu’une petite dizaine de boutiques de tatouages pour quelque 600 000 habitants. Une scène discrète à l’image de ce pays dont, finalement, à moins de l’avoir déjà visité, on ne connaît pas grand-chose dans le reste de l’Europe.

Les fans de rallye automobile savent sûrement que même s’il vit depuis longtemps en France, Ari Vatanen est d’origine finlandaise, ceux d’électro que Jori Hulkkonen vient également de ce pays.

Les cinéphiles connaissent Ari Kaurismäki, le plus français des cinéastes finlandais. Et les métalleux placent nécessairement la Finlande sur une carte : parce qu’avec 2 000 groupes métal pour à peine 3 millions d’habitants... De stars mondiales comme Hanoi Rocks (dont Säde a piqué les portraits sur un de ses clients) à de très, très underground combos en passant par Lordi, les plus qu’improbables gagnants du concours de l’Eurovision en 2006.

La Finlande flirtant avec le cercle arctique, on imagine que les hivers y sont un peu hardcore. C’est peut-être pour ça qu’outre son métier de tatoueuse, Säde est... prof de danse dans un  registre plutôt caliente comme on dit, entre salsa et reggaeton.

 

Peut-être pour ça également que Säde tatoue pas mal en couleur et assez souvent animaux ou fleurs, de préférence exotiques. Dans un style fortement empreint de réalisme (Säde s’est d’ailleurs, à Chaudes-Aigues, vu décerner le prix de la meilleure pièce réaliste) mais qui ne s’interdit pas de se frotter à d’autres : art nouveau, japonais... Comme Säde semble s’amuser à changer de look. Säde qui sur sa carte de visite pose en rock star déjantée, a débarqué à Chaudes-Aigues en hôtesse de l’air fifties !

L’important pour Säde qui « n’est pas prête du tout à faire n’importe quoi pour de l’argent » est surtout de tatouer de « jolies pièces ».

 

Uniques, forcément ces pièces (sa boutique ne s’appelle pas Unique Art par hasard). Et qu’il y ait une histoire derrière chaque tatouage.

 

De très belles histoires parfois, comme celle de cette vieille dame (72 ans quand même) qui, devenue hémiplégique, a saoulé tout le personnel de sa maison de retraite, du médecin aux femmes de ménage, pour pouvoir, enfin, se faire tatouer sur l’épaule cette petite rose dont elle rêvait depuis toujours ou presque. Säde Sonck est encore émue de l’expérience.

Comme elle nous a fait penser à une petite fille qui découvre ses paquets au pied du sapin, un matin de Noël, quand on lui a annoncé qu’on avait décidé de lui consacrer cette rubrique de Inked. La tatoueuse finlandaise semble prendre toutes ces marques de reconnaissance avec autant de surprise que de bonheur.

Et ce n’est, dirait-on, qu’un début. À l’heure où, en principe, vous lirez ces lignes, Säde aura quitté le pays qui fait rimer Nokia avec sauna pour les États-Unis où elle participe au Paradise Tattoo Gathering dans le Colorado. Säde profitera normalement du voyage pour se faire inviter dans quelques shops américains. Sa participation au Festival du Tatouage de Chaudes-Aigues et les contacts qu’elle y a noués devraient également lui permettre de s’installer temporairement dans quelques boutiques françaises.

On croisera donc à nouveau Säde Sonck en France dans les mois à venir. Pour sûr, en tout cas, lors de la deuxième édition du Festival de Tatouage de Chaudes-Aigues les 5 et 6 juillet 2014.

 

L’occasion, pour ceux qui jusqu’à cet article ne la connaissaient pas, de rencontrer cette tatoueuse qui n’est pas tatouée. Du tout. Pas grave, puisque comme l’écrit Säde sur la page d’accueil de son site internet, son cœur, lui, est tatoué...

Unique Art-Sonck (FINLANDE) Sibeliuksenkatu 11 - 13100 Hämeenlinna +358 (0) 40 527 7822 - www.sadesonck.com www.facebook.com/SadeSonckTattooArtist

Par François Chauvin Photos Dams

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