Le Festival du Tatouage pour la reconnaissance du statut du tatoueur

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Jeudi, 6 Mars 2014

Connaissez-vous le point commun entre un astrologue, un agent matrimonial, un toiletteur pour animaux de compagnie et un tatoueur ? Réponse : 9609Z. « Je n’ai pas compris la plaisanterie », vous dites-vous. Normal : ce n’en est pas une – et non seulement ça n’a rien de drôle, mais ça concerne d’une bien triste façon le statut des tatoueurs professionnels en France. Explications, quelques mois avant le lancement du Festival du Tatouage 2014.

Le statut du tatoueur : sujet tabou ?

Alors que le Mondial du Tatouage vient de s’achever, une question essentielle est restée aux abonnés absents entre les murs de la convention : celle du statut du tatoueur. Les organisateurs du Festival du Tatouage s’interrogent sur la raison d’un tel mutisme : la reconnaissance du métier n’est-t-elle pas essentielle et ne touche-t-elle pas nombre des individus présents le week-end dernier à la Grande Halle de la Villette ?

Le code 9609Z : un non-sens pour les métiers du tatouage

Le débat mérite pourtant d’avoir lieu, au vu du statut actuel. 9609Z, cet étrange code auquel nous faisions allusion plus tôt dans cette tribune, c’est le code NAF dans lequel l’INSEE a cru bon de ranger, au milieu de professions qui n’ont absolument rien à voir avec la modification corporelle et ses enjeux, les métiers du tatouage et du piercing. Vous avez dit aberration ?

Ce classement, ce n’est ni plus ni moins que le résultat de la non-reconnaissance dont est victime le métier de tatoueur. Pour l’Etat, nous ne sommes qu’une vague catégorie de travailleurs presque marginale ; pas une profession à part entière.

Le tatoueur : entre artiste et artisan

Ce qui fait tant couler d’encre – sans mauvais jeu de mots – depuis plusieurs mois, c’est de savoir si tous les tatoueurs, que ce soit dès leurs débuts ou durant l’ensemble de leur carrière, sont des artistes. D’aucuns arguent que oui, indéniablement ; pour nous, organisateurs du Festival du Tatouage, la réponse est bien évidemment non.

Nul jugement de valeur dans cette prise de position, ni dénigrement de quelque nature que ce soit : au Festival du Tatouage, on aime, on idolâtre le tattoo sous toutes ses formes, qu’il soit artistique ou reproduit à partir d’un catalogue, qu’il tienne sur un minuscule morceau de poignet ou qu’il recouvre tout un dos, qu’il soit réalisé par un jeune tatoueur débutant ou un vieux loup de mer au talent reconnu.

La vérité n’en demeure pas moins qu’un tatouage artistique se définit comme un tatouage réalisé à partir d’une œuvre originale de création, un dessin ou une peinture effectuée à la main ; en aucun cas, une reproduction à partir d’un catalogue, élément pourtant intimement lié aux studios de tatouage, en France comme ailleurs.

Celui qui tatoue un papillon, une ancre, un cœur ou encore un aigle royal, ne peut-il pour autant jouir d’un véritable statut, sans pour autant prétendre au statut d’artiste ? Pour nous, cela ne fait aucun doute : bien sûr que oui.

Mais pour que statut il y ait et que l’Etat puisse nous reconnaitre, il faut qu’il y ait formation – l’un n’ira malheureusement pas sans l’autre. Le tattoo implique un apprentissage long, une transmission par un « maître » ; c’est l’une des missions premières de l’association Tatouage & Partage, présidée par Stéphane Chaudesaigues, instigateur du Festival du Tatouage.

Pour une reconnaissance du métier du tatoueur, le Festival du Tatouage formule une proposition très concrète : celle de revendiquer le statut d’artisan d’art.

Le statut d’artisan d’art, c’est quoi ?

Qu’est-ce que le statut d’artisan d’art ? Reconnu par l’Etat, il regroupe 127 métiers, du diamantaire au joaillier en passant par le sculpteur sur bois ou sur pierre, le couturier ou encore le vitrailliste. Avec le statut d’artisan d’art, chacun peut se prévaloir de l’originalité de son œuvre, très souvent une pièce unique réalisée sur commande.

L’artisan d’art : une formation reconnue

Tous ces métiers sont inscrits au répertoire de l’Institut des Métiers. L’exercice de chacun d’eux est réservé au titulaire d’un diplôme généralement obtenu en 2 ou 3 ans. Chacun des métiers définit la  formation qu’il juge la plus appropriée : alternance en apprentissage ou formation professionnelle adulte avec, parfois, un système d’unité de valeurs et de la VAE.

Tandis que sont d’ores-et-déjà évoqués – et bien prématurément – les noms de CAP, BEP et autres acronymes à en perdre la tête, l’équipe du Festival du Tatouage s’efforce de s’attacher au principal : la création d’un cursus défini par la profession et approuvé par le ministère de tutelle et par l’Etat.

Alors que de plus en plus de Français ont recours au tatouage (les derniers chiffres font état de 10 % quant au nombre de Français tatoués), il est essentiel, primordial de voir nos générations futures de tatoueurs bénéficier d’une formation digne de ce nom, en matière de technique mais également d’hygiène. La récente frayeur sur les encres couleurs nous a montré que les menaces pesaient toujours sur notre belle profession.

Le combat du Festival du Tatouage

Vous l’avez compris : nous militons donc pour une formation qualifiante et diplômante avec un apprentissage du métier chez l’artisan, chez le professionnel, doublé d’un cursus dans une école d’Etat (des enseignements privés dédiés au tatouage existent déjà ; souvent onéreux, ils ne bénéficient que de peu de contrôle et d’une reconnaissance quasi inexistante de l’Etat).

Au Festival du Tatouage, nous sommes pour une reconnaissance de l’artiste tatoueur, oui : mais aussi et surtout du tatoueur tout court. Nous restons ouverts au débat avant, après et pendant le Cantal In’k the Skin 2014 et accueillons les bras ouverts toutes vos idées !

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