PIERROT 13 BIS, Un choix « à la vie, à la mort ».

inked_scene_piero_13_bis_chaudesaigues-festival-auvergnat-cola_tatouage_tattoo.
Lundi, 13 Mai 2013

Laon. D’abord ça se prononce comme « lent ». Ensuite même si la préfecture de l’Aisne est déjà bien au nord, inutile de la confondre avec Lens (qui, d’ailleurs, se prononce Lensse). Laon est une drôle de ville qui se partage entre des quartiers bas serrés autour de la gare dont il n’y a pas grand chose à écrire et une ville haute pour laquelle on va carrément faire nos grosses feignasses et citer Victor Hugo qui s’enflammait : « tout est beau à Laon, les églises, les maisons, les environs tout ».

 

Perchée sur son plateau, la ville haute en compte un petit paquet d’églises, de chapelles, de couvents et même une cathédrale. Entre anciens hôtels particuliers gothiques et maisons à hourdis (ou colombages, si vous préférez), la ville haute de Laon semble aussi, ici ou là (faites juste quelques pas dans la rue Pierre Abelard), ne pas avoir bougé depuis le Moyen Âge.  C’est d’ailleurs dans une de ces bien vieilles maisons qu’est installé le spot de ce numéro 15 de Inked : Pierrot 13 bis. Là, vous êtes en droit de vous demander pourquoi ce 13 bis alors que le shop est installé au n°7, rue du Bourg. D’abord, c’est un clin d’œil aux années passées par Pierre André (que tout le monde appelle aujourd’hui Pierrot) dans les Bouches-du-Rhône  (département 13 pour ceux qui n’ont pas révisé leur géo), dans le populaire et quasi légendaire quartier du Panier à Marseille notamment.

Ensuite, c’était pile l’ancienne adresse du shop (qui s’appelait à l’origine À Fleur de Peau) avant ce récent déménagement qui a vu toute l’équipe s’installer dans cette très chouette maison avec briques, colombages et cour intérieure. Toute l’équipe, c’est à dire Antoine, le pierceur, Lionel a.k.a. Monsieur Biz, guest (très) régulier et talentueux tatoueur, Marine, la manageuse du shop (et madame Pierrot à la ville) qui, après le piercing se met lentement –mais sûrement !- au tatouage, la douée Marion a.k.a Punky Von Bacalhau qui a eut la gentillesse de répondre aux questions de Inked pour la rubrique Profil de notre numéro de novembre-décembre dernier et Jérome, le compagnon de Marion, son « manager » aussi.

Et Pierrot évidemment, qui a ouvert ce shop en 1996, déjà. Des années encore pionnières, surtout à Laon. Avant, Pierrot était soudeur dans la métallurgie, bossait sur des chantiers un peu sensibles -pétrole, nucléaire…- n’envisageait que très moyennement de « passer sa vie sous une cagoule et un casque», a fait quinze mille (au moins !) autres boulots avant de se dire que « merde, il faut que je tatoue ». Un choix « à la vie, à la mort ». Pierrot se souvient avoir toujours dessiné, avoir eu cette envie de devenir tatoueur dès la première pièce qu’il s’est offerte à 18 ans, en avoir payé une autre exactement le prix de son loyer et s’être dit alors que c’était peut-être un bon moyen de gagner sa vie.

En dessinant et en rencontrant des gens parce que quand Pierrot affirme qu’il « aime les gens », on le croit sur parole ! Pierrot vend la totalité d’une imposante collec de B.D. pour se payer sa première machine. Parcours classique pour l’époque ensuite : les potes qui prêtent leurs épidermes, de solides bases apprises chez Patrick Chaudesaigues, de vrais coups de pouce de Paul de Sakura Tattoo à Gardanne, de formateurs voyages à New-York ou en Thaïlande.

 

Pierrot renonce à s’installer comme tatoueur à Marseille et choisit de remonter vers le nord, vers sa Picardie natale. Il bosse dans un premier temps au Damier, un bar à concerts de Compiègne dans l’Oise où le taulier pousse le baby-foot pour que Pierrot puisse jouer des aiguilles. Avant de décider de se poser à Laon. Parce que la ville est alors vierge de tout tatoueur. Parce que Pierrot est un mec avec des principes et qu’il ne lui viendrait, par exemple, pas à l’idée de s’installer à côté de chez Frédo, du Dream Art Tattoo de Mogneville dans l’Oise (certains apprentis passés par chez Pierrot semblent n’avoir pas eu autant de problèmes de conscience, mais bon…).  Pierrot est donc un mec avec des principes.

Le respect du client en est un autre. Pierrot se plaît à le répéter : « les clients , tu leur fait mal et un tatouage coûte cher, le minimum est d’être à leur écoute ». Pierrot privilégie donc le dialogue avec ses clients, se propose « de devenir leur main ». Des clients venus de Reims en presque voisins ou de bien plus loin pour l’ambiance à la cool du shop, la réputation que tous les membres de l’équipe ont su se faire et Pierrot, évidemment, qui lui, s’est fait, depuis longtemps, un nom (enfin, un surnom !). Pierrot qui tatoue de tout, avec toutefois, une nette prédilection -et un indéniable talent- pour le réalisme, le portrait, en couleur comme en noirs et gris.

Pierrot est souvent invité comme guest chez Clockwork Needle à Épinal par exemple ou au Bretzel Tattoo Club de Colmar. Dans les mois à venir, vous trouverez le stand de Pierrot sur quelques conventions françaises, chez Stéphane Chaudesaigues à … Chaudes-Aigues pour le Cantal In’k The Skin ou chez David de Pertuis à … Pertuis pour l’Holyday Ink.

Peut être même le croiserez-vous dans un salon de l’érotisme, Pierrot étant un des rares tatoueurs -sinon le seul…- à piquer dans ces « salons du cul » comme il dit, parce qu’il en apprécie l’ambiance (« très détendue ! ») et estime que tout le monde a droit à un bon tatoueur. Pierrot n’est donc pas tous les jours dans la ville haute de Laon. Au grand désespoir de Michel, son chat Rex Devon qui, comme tous les félins de sa race, déteste vraiment un truc : rester tout seul à la maison…

 

13Bis TATTOO & PIERCING

7 rue du Bourg

02000 LAON

 

T: 03 23 23 47 88

 

www.13bis.fr

 

13bis@facebook.com

 

facebook.com/13bis

 

 

par françois chauvin

 

photos fabrice berry

 

 

 

Newsletter

Suivez les actus du Festival