Marseille L'Hebdo Festival du Tatouage de Chaudes-Aigues

Sur son bras, la source du Par, tatouée pour l'éternité. Tatouée pour l'identité. Celle qui marque le nom qu’il porte, comme un symbole: Chaudesaigues. Son patronyme et ce petit village du Cantal qui accueillera le 1er festival de tatouage les 6 et 7 juillet sont l’essence même de l’histoire de Stéphane. Installé à Avignon et Paris, ce tatoueur de renom, considéré aujourd’hui comme un maitre du réalisme, revient sur la terre de ses ancêtres

 

IL ORGANISE SON FESTIVAL CET ÉTÉ DANS LE CANTAL

Stéphane Chaudesaigues le maitre réaliste avignonnais.

 

Steven, Stéphane et Wesley Chaudesaigues.

 

Sur son bras, la source du Par, tatouée pour l’éternité́. Tatouée pour l’identité́.

Celle qui marque le nom qu’il porte, comme un symbole: Chaudesaigues. Son patronyme et ce petit village du Cantal qui accueillera le 1er festival de tatouage les 6 et 7 juillet sont l’essence même de l’histoire de Stéphane.

Installé à Avignon et Paris, ce tatoueur de renom, considéré́ aujourd’hui comme un maitre du réalisme, revient sur la terre de ses ancêtres, laquelle a structuré sa vie. "J’ai 7 ans, et pas de papa. J’en ai bien un et j’ai bien son nom mais il m’a abandonné. Un jour, j’entends parler de moi à la télévision. Enfin de Chaudes-Aigues, de cette source la plus chaude d’Europe. Je découvre qu’un village porte mon nom. Avec mon imaginaire d’enfant, ce village devient mien.

Je n’ai aucun moyen de le justifier, mais je me le fais croire. Je viens de là. Il remplacera ce père absent." Tout au moins en partie. Jamais la quête de cet être idéalisé́ ne s’arrêtera. Quand, à 11ans il apprend que cet être cher a une chimère encrée sur l’épaule, "pour essayer de me construire, de combler ce manque, de lui ressembler un peu comme a envie n’importe quel petit garçon, je me suis tatoué. Par cette trace je me rapprochais un peu de lui." Une souffrance indélébile qui le façonne, comme les images de "loubards" tatoués qu’il voit évoluer dans sa cité. "J’'étais fasciné par ces adultes qui exhibaient ces marques, à l’époque signifiantes.

Je voyais dépasser des cols, une ligne de traits qui signifiait "la tête guillotinée" ou les trois points sur la main qui voulaient dire" morts aux vaches"... Tout était codé et symbole." Devenu homme et père à 18 ans, Stéphane ouvre son premier studio à Avignon: Art Tattoo qui deviendra deux ans plus tard Graphicaderme, et aujourd’hui une franchise. "Le niveau était très, très bas et j’avais envie d’évoluer. J’ai arrêté́ l’école en 5e, mais je ne suis pas idiot pour autant et avec les années j’essayais de progresser en m’intéressant à l’art, à la technique des grands maitres, jusqu’au jour où j’ai pu mettre tout ce que j’avais appris en peinture dans le tatouage." Son dermographe, il l’utilise comme des pinceaux et libère la couleur.

Autre temps, autres mœurs. Fin des années 80, son audace tourne au fiasco. Du haut de ses 21 ans, il s’envole pour New York avec des "clients qui ont accepté de me confier leurs corps". Jackpot. Les Américains sont sous le charme de ces œuvres incroyables, où la peau devient toile. Il forge sa réputation, libère le talent des tatoueurs qui s’adonnent au fauvisme, au cubisme... et crée un vrai courant artistique.

Aujourd’hui, ce père de six enfants qui a engendré deux tatoueurs nés Steven et Wesley, peut se prévaloir d’être l’un des meilleurs internationaux. Mais le titre d’artiste de l’année qu’il décroche aux Etats-Unis en 1995 ne lui suffit pas. Si sa profession qu’il a définitivement dans la peau, comme son frère aîné́ duquel il a été́ séparé́ à sa naissance, le comble, sa quête identitaire n’est pas assouvie. "A 40 ans, j’ai fait appel à un généalogiste qui a découvert que toute ma filiation jusqu’en 1775 était de Chaudes-Aigues avant de partir s’installer à Paris. Vous imaginez tout le fantasme du petit garçon que j’étais est devenu réalité́. Ce village c’était chez moi. Il y a deux ans j’ai acheté́ une maison. On est les premiers Chaudesaigues depuis le départ d’Etienne à revenir. Cela nous a pris 240 ans !"

Mieux. De recherches en recherches, de liens en liens, il s’est avéré́ qu’Etienne se révéla être le grand-père, d’Eusèbe Chaudesaigues, architecte fondateur du prix Chaudesaigues à l’école des Beaux-Arts de Paris... "J’ai pris ce prix en héritage en 2012 en créant, avec mon frère Patrick, le Chaudesaigues Award. C’est un prix nomade qui récompense la carrière de l’artiste, explique celui qui aujourd’hui monte au front structurer la profession en lui donnant le statut d’artisan.

C’est un symbole de l’amour porté à notre travail." La boucle est bouclée. Ne reste plus à Stéphane qu’à s’enraciner, enfin, véritablement. Ce qu’il fait en espérant créer un centre de formation et en montant le premier festival de tatouage. "Ce festival est le retour à la terre, le fondement de la famille. La mienne et celui de ma communauté́. Je me suis acharné à transformer cette matière en or. Cette quête identitaire m’a permis ce parcours." Et de laisser une trace ineffaçable dans l’Histoire du tatouage...

 

Alexandra Cefai
Journaliste à Marseille l'Hebdo et
Direct matin Marseille Plus

Photo Dam's

 

 

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